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Accords « Terres rizicoles contre Travail », au bénéfice des femmes

« Lowlands Agricultural Development Programme » (LADEP), par Audrey nepveu de Villemarceau, John S. Fye, Fonds International pour le Développement Agricole (FIDA)

LADEP constitue les 8 premières années d’un programme de 20 ans de réhabilitation et de développement durable, sur initiatives communautaires, des basses terres pour améliorer la riziculture traditionnelle en utilisant des technologies simples et la force de travail locale.

LADEP, 1997 – 2004, apporte un changement fondamental au système foncier traditionnel, dans lequel la propriété est liée à la filiation des premiers occupants (parfois des femmes). LADEP a catalysé le retour de propriétés foncières individuelles à la communauté et leur partage équitable entre les personnes des communautés, principalement des femmes, qui participaient à l’effort d’aménagement des terres.

Les principaux changements depuis l’identification de LADEP sont (1) les bénéficiaires participent plus volontiers aux travaux d’aménagement ; (2) les terres aménagées ont été distribuées également aux bénéficiaires, sans considération de leur filiation, par accord communautaire ; (3) les femmes bénéficiaires ont maintenant une propriété foncière permanente dont leurs enfants pourront hériter ; (4) l’entretien et l’intensité de culture des terres distribuées ont augmenté ; (5) la cohésion sociale s’est améliorée.

Les leçons apprises sont que (1) une réforme foncière doit être initiée par les bénéficiaires et recueillir un consensus ; (2) la sécurité alimentaire des ménages peut être améliorée si un accès foncier permanent est possible pour les non propriétaires ; (3) la pauvreté peut effectivement reculer par une distribution équitable de la terre.

Problème identifié :

Diminution des zones de culture de riz

Depuis la sécheresse au Sahel du milieu des années 70, la diminution des pluies a eu pour effet diverses formes de dégradation des terres à l’intérieur des « basses terres », menant à l’abandon de terres rizicoles :

  •  intrusion d’eau de mer dans des champs de riz autrefois productifs
  •  manque d’eau dans les vallées amont (partie des « basses terres ») et les plaines inondables

Augmentation de la demande de riz

Les conflits régionaux ont eu pour effet une immigration en Gambie à partir des pays voisins.

Manque de disponibilité de terres pour les femmes

En Gambie, les femmes sont les producteurs traditionnels de riz. Mais pour faire pousser suffisamment de riz pour répondre au besoin de l’accroissement de la population, les femmes avaient besoin de disposer d’un accès à plus de terres que disponibles.

Accès à la terre limité par le système foncier traditionnel

En Gambie, quelques propriétaires traditionnels contrôlent les terres où la riziculture est possible, mais d’accès difficile. En général, ils prêtent la terre, la location se pratique peu. Dans ce contexte, quel est l’intérêt d’un emprunteur à aménager les terres, puisque le propriétaire peut les reprendre une fois améliorées ?

Une solution durable à ces défis a été recherchée.

Recherche d’idées

Le moyen de dépasser les blocages (femmes sans terres mais avec leur force de travail / propriétaires fonciers sans force de travail) a été choisi parmi plusieurs possibilités identifiées lors de discussions de groupes.

C’est finalement l’option suivante qui a été choisie par les communautés pendant leurs réunions formelles (qui confèrent une valeur légale reconnue traditionnellement) tenues avec les méthodes participatives de LADEP/ MoA (Ministère de l’Agriculture). Ce choix a été entériné par les autorités locales. Le choix a été fait pendant la formulation de LADEP (phase initiale de 8 ans sur 20 ans d’interventions).

Option 3. Transfert de la propriété d’une partie égale de terre reprise aux propriétaires fonciers traditionnels vers les personnes des communautés, principalement des femmes, qui participaient à l’effort d’aménagement des terres. Avec ce transfert de propriété, la motivation à fournir la main d’œuvre pour l’aménagement des terres était claire.

Cette option offrait les avantages suivants :

  •  L’allocation de terres à des exploitantes sans terres qui participent (personnellement) à l’aménagement des terres.
  •  La reconnaissance du besoin des exploitantes de posséder de la terre si elles doivent investir leur force de travail dans l’aménagement de cette terre.

Les étapes suivantes ont aidé les communautés à prendre leur décision :

  • Les services publiques de vulgarisation (DCD – Départment pour le Développement des Communautés du MoA), formés aux méthodes «particiaptory rural appraisal» (PRA), ont sensibilisé les communautés ayant des basses terres au projet LADEP.
  •  DCD a reçu les demandes formelles d’assistance des communautés, condition requise pour s’assurer de la mobilisation des bénéficiaires.
  •  Un coordinateur pour la Mobilisation des Communautés (du DCD, délégué au projet) a rendu visite aux communautés sélectionnées pour mettre en place des Comités de Gestion de Site (SMC) au sein des Comités de Développement Villageois (VDC) mis en place par le gouvernement, lorsqu’ils existaient. Le processus incluait une évaluation rurale participative, des groupes de discussion sur les avantages et inconvénients de chaque option, et comprenait l’élaboration de Plans d’Action Communautaire (CAP).

Résumé des changements survenus

Le Gouvernement de Gambie a adopté une nouvelle constitution en 1997. Les changements proposés avec le LADEP soutenaient la décentralisation et l’utilisation rationnelle des terres cultivables pour le bien commun. Actuellement, le Gouvernement met en œuvre un programme de Réforme et Décentralisation du Gouvernement local. Ce transfert des pouvoirs aux communautés locales vise à les impliquer dans le processus de développement socio-économique national, dans les mécanismes de contrôle de certaines activités et leur donner le pouvoir de décision sur les sujets concernant leur propre développement. Ces réformes incluent les réformes foncières.

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